La deuxième journée de la réunion des supérieurs majeurs a commencé avec la célébration de l’Eucharistie présidée par le Père Levi Ferreira, conseiller général. Avant d’exercer sa charge de modérateur de la journée, le Père Levi a présenté une réflexion sur la valeur de la gratitude en insistant qu’il est nécessaire d’aller au-delà de ses propres intérêts. C’est ainsi que les supérieurs des entités ont commencé à réfléchir sur l’internationalité en ce qui concerne les personnes et les structures.
Le Supérieur général a souligné que les œuvres évoluent de même que la Congrégation. Celle-ci s’étend dans différentes régions, mais diminue dans d’autres ; si elle progresse, c’est grâce à la contribution de personnes disponibles. Le but ultime de la Congrégation est de servir le peuple de Dieu : le seul service des structures sacrifie des confrères, et la Congrégation ne peut remplir sa véritable mission. Les structures ne se justifient donc que dans la mesure où elles sont mises au service du charisme. Réfléchir sur les structures, c’est aussi interroger le fonctionnement de nos modèles de gouvernance, d’administration et de coordination de la mission de la Congrégation.
Voici quelques points dégagés du riche échange de la journée :
- Dès le début, la Congrégation avait une dimension internationale. Mais ces dernières années, cette dimension a pris plus de relief grâce à la volonté de créer des communautés internationales dans diverses régions du monde avec des missions bien précises. En fait, l’internationalité dot se décliner principalement autour de la mission.
- Vivre avec des personnes d’une autre culture ne suffit pas pour déjà créer une communauté missionnaire internationale. Aditionner des cultures ne fait pas encore une véritable internationalité. Un critère important de celle-ci est que les gens doivent vouloir adhérer à un projet missionnaire commun, le connaître et se préparer à travailler dans le cadre de ce projet.
- L’internationalité exige que l’on cultive le partage de sa culture et que l’on accueille la culture des autres. Ce processus nécessite du temps et de la patience.
- L’internationalité se comprend comme attitude de vie exprimée dans le travail, la prière, la vie communautaire et fraternelle, la mission, le partage et le dialogue avec les autres.
- C’est surtout dans les maisons de formation que doit être cultivée cette internationalité. C’est ici que les jeunes religieux peuvent faire un apprentissage concret et vivant d’une communauté internationale. Les fruits de cette expérience peuvent alors servir dans des communautés internationales à vocation missionnaire. Les équipes formatrices doivent être constituées de personnes de différentes nationalités ayant opté pour ce projet international.
- Les projets internationaux doivent être clairement définis pour que les religieux qui s’y engagent sachent ce qui les attend dans cette mission.
- La motivation fondamentale pour l’internationalité ne doit jamais oublier que tous les membres de la communauté ont été appelés par le Christ.
- Il est important de créer et de promouvoir une mentalité internationale dans les entités de la Congrégation qui accueillent. En d’autres termes, l’internationalité ne doit pas seulement caractériser certains membres, mais tous les membres de la Congrégation. À cet égard, il a été rappelé que, lorsqu’un religieux s’engage définitivement, il ne s’engage pas dans une entité spécifique, mais dans la Congrégation.
- L’internationalité ne change pas le caractère d’une personne, mais elle la rend capable de mettre sa propre manière d’être et ses capacités au service de la cause commune. L’internationalité nécessite ainsi un effort d’interaction et de croissance. Il faut aussi préparer des unités d’études et de réflexion sur l’internationalisme au niveau de l’anthropologie, de l’ecclésiologie et de la missiologie, en sollicitant la collaboration de confrères experts en ces disciplines. Des laïcs peuvent collaborer à certains projets internationaux à condition qu’ils soient eux aussi bien préparés. Enfin, il ne faut pas négliger l’accompagnement des confrères envoyés dans les communautés internationales.
Certaines erreurs freinent le succès d’une mission internationale :
l’envoi de confrères qui ne possèdent pas les conditions humaines, psychologiques et spirituelles minimales pour un projet international ; le chevauchement de projets personnels au détriment de projets de la Congrégation ; les urgences et les réponses immédiates aux besoins, sans prendre le temps de réfléchir et de faire les choix appropriés ; la seule disponibilité des personnes ne suffit pas, il faut aussi avoir les aptitudes pour d’intégrer dans un projet international ; le manque de préparation se paie souvent par un échec de la mission. Les supérieurs ont également réfléchi aux structures et aux formes de gouvernement pour les missions internationales. La manière dont les entités d’Afrique se sont organisées en créant la Conférence des Supérieurs de l’Afrique (COSENAF), dotée de son propre statut, a été jugée fort positive. En Amérique latine, il existe aussi diverses expériences de collaboration et de travail en commun. Les États-Unis et le Canada ont de nombreux engagements en commun. En Europe, les supérieurs des entités ont mis au point plusieurs initiatives communes, mais se rendent compte de la difficulté d’aller plus loin en raison de l’histoire et de la diversité culturelle des entités. En Asie, des progrès importants ont été accomplis pour une collaboration internationale plus développée. Une collaboration d’entité à entité reste évidemment possible.
La fusion de provinces ou la confédération de diverses entités, la transformation des provinces en régions ou l’inverse ont fait l’objet de vifs échanges, mais sans arriver à des conclusions concrètes.
L’organisation des districts dépendant directement du Supérieur général soulève aussi des difficultés, vu que le Généralat est dans la plupart des cas géographiquement fort éloigné, et on se demande pourquoi ne pas faire dépendre ces entités de provinces plus proches. Tous ces échanges ont montré qu’il faut bien aller « au-delà de ses propres intérêts ».
La journée s’est terminé par la communication d’informations sur le processus de révision et d’harmonisation des traductions de la Règle de Vie, exigé par le dernier Chapitre général, et la présentation du Père Bruno Pilati du processus de structuration de la Famille dehonienne dont il est le président du Groupe international de coordination.
Zeferino Policarpo, scj
(traduction et adaptation Jean-Jacques Flammang scj)