Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce.
La « Maison de mon Père », comme le dit Jésus, c’est le temple de Jérusalem, la « maison de Dieu », le lieu où Dieu se rend présent aux hommes, lieu où l’homme peut rencontrer Dieu.
« Jésus alla au temple (ἱερῷ) », nous dit l’évangile aujourd’hui. Il voit que les gens profitent du temple pour faire du commerce. Il les en chasse, s’étant fait un fouet avec des cordes. C’est ce que Dieu a dit à David à propos de sa descendance : « Moi, je serai pour lui un père ; et lui sera pour moi un fils. S’il fait le mal, je le corrigerai avec le bâton, à la manière humaine, je le frapperai comme font les hommes (2 S 7, 14). »
« Quel signe montreras-tu pour agir de la sorte ? » demandent les juifs à Jésus. « Détruire ce sanctuaire (ναὸν), et en trois jours je le relèverai », répond Jésus.
Le sanctuaire est le lieu le plus sacré du temple. Et le sanctuaire dont Jésus parle n’est pas celui « fait de main d’homme ». Il parle du sanctuaire (ναὸν) de son corps. (Jn 2, 21). Le corps de Jésus est ainsi le lieu où Dieu préside. Et en faisant part de ce Corps, qui est l’Eglise, chaque chrétien est « le sanctuaire du Dieu vivant » (2 Co 6, 16).
Que faisons-nous de ce temple de Dieu en chacun de nous ? C’est encore un lieu de rencontre ou « plutôt des marchés où les personnes jouent des rôles de consommateurs ou de spectateurs » comme l’écrit le Pape François dans son encyclique Fratelli tutti (n.12)?
« Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce »est ainsi une invitation de vivre la gratuité dans les rencontres entre les personnes humaines et avec Dieu. « Celui qui ne vit pas la gratuité fraternelle fait de son existence un commerce anxieux, il est toujours en train de mesurer ce qu’il donne et ce qu’il reçoit en échange ». Cette incapacité de gratuité est ainsi le symptôme de ce nationalisme fondé sur le repli sur soi, remarque le Pape François. Ce « tout se réduit à nous, que seuls comptent nos intérêts individuels » n’est jamais la voie à suivre pour redonner l’espérance. C’est plutôt la proximité, la culture de rencontre (cf. n. 19.140 .141).
La gratuité existe. Et Dieu peut être présent dans le cœur des personnes sans qu’elles s’en rendent compte. « Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger et nous t’avons accueilli ? tu étais malade et nous t’avons visité ? » s’étonnent les justes.
“Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait”, répond le Seigneur.