Lectures : Is 25, 6-9 ; Ps 22 ; Mt 22, 1-14

Nous venons d’entendre la bonne nouvelle qui aujourd’hui nous est proposé dans une double parabole à bien méditer. Elle nous concerne tous, et spécialement vous, Dominique et Vincent, qui prononcez aujourd’hui vos vœux perpétuels.

 La première partie de la parabole – à part quelques détails – nous plaît bien.

Vu que les grands prêtres et les pharisiens n’ont pas suivi l’invitation, cette invitation nous revient à nous tous. Le Seigneur envoie ses serviteurs aux croisées des chemins pour inviter en son Royaume tous ceux qu’ils rencontrent.

Tous ceux qu’ils rencontrent : donc nous aussi, peu importe d’où nous venons, géographiquement, spirituellement et religieusement : tous nous sommes appelés au festin de noces du Seigneur.

Voilà la bonne nouvelle. Et cet accueil large que pratique le Seigneur doit aussi caractériser tous ceux qui désirent Le suivre dans la vie religieuse.

Le Pape François demande à l’Église de tenir ses « portes ouvertes » et ne pas de se transformer en un « poste de douane ». « Nous devons être des facilitateurs, non des contrôleurs », nous exhorte-t-il.

Invités, entrons donc avec joie et avec reconnaissance dans la salle de fête où le Seigneur nous accueille. Ce sera un banquet festif pour tous les peuples, comme l’a décrit le prophète Isaïe, lorsqu’il nous fait savoir que votre vie ne se perd pas dans le néant, mais sera accueillie auprès du Dieu vivant.

 La deuxième partie de la parabole – quasi une seconde parabole – va plus loin : invités, nous recevons tous un vêtement de noces.

Un commentaire de rabbins juifs explique que parfois les riches organisaient des fêtes où ils invitaient même les pauvres. A l’entrée de la salle de fête, les serviteurs remettaient alors des vêtements convenables à ceux qui n’en avaient pas. Ils devaient les mettre avant d’entrer et de rejoindre les autres convives.

Jésus se sert de cette coutume pour sa parabole. Tous reçoivent un vêtement convenable, mais il y a un convive qui ne l’a pas mis. Interpellé par le roi, il garde le silence.

On a beaucoup glosé sur le sens de ce vêtement. Une chose en tout cas semble claire : L’invité a refusé de mettre le vêtement.  C’est notre propre liberté, notre propre responsabilité, qui est ici en jeu.

Le Seigneur nous donne à chacun un vêtement correspondant à la spécificité de sa vocation. Et les vocations dans l’Église au service du monde sont nombreuses et multiformes.

A vous, Dominique et Vincent, le Seigneur donne le vêtement de la vie religieuse, la vocation à continuer le charisme de notre fondateur, le Père Dehon.

Vous savez que l’essentiel de cette vocation est l’union au Christ, afin de voir de plus en plus le monde avec les yeux, et surtout avec le cœur du Jésus.

De nos jours, il faut avoir un sacré cœur pour aborder, voire confronter le monde avec ce que Jésus nous enseigne dans l’Évangile.

Il faut avoir un sacré cœur pour ne pas désespérer devant les injustices qui continuent à déchirer nos sociétés, mais souvent aussi nos relations interpersonnelles.

Il faut avoir un sacré cœur pour rencontrer ceux que nous jugeons loin de l’Église et de l’Évangile.

Ce sacré cœur, Jésus l’avait, c’est de ce sacré cœur que le Père Dehon a fait l’expérience : « Le Christ m’a aimé et s’est livré pour moi » – affirmation de saint Paul, si souvent reprise par le Père Dehon.

Nous avons différentes traditions dans notre Province religieuse en France, en Belgique et à Luxembourg : l’accompagnement spirituel, la formation religieuse et intellectuelle, la présence dans les médias, la pastorale familiale, la pastorale des jeunes, l’accompagnement des malades et des personnes handicapées, la présence dans le milieu universitaire et l’accompagnement des intellectuels ; la pastorale paroissiale ; et ne pas oublier les missions dans les pays lointains – combien de nos confrères ont œuvré ou œuvrent encore en Afrique, en Asie, en Amérique latine… Le Père André était longtemps au Cameroun, et le Père Michel est venu du Vietnam : la mission à l’étranger – aujourd’hui nous disons « l’internationalité » de nos communautés. Et nous avons aussi une autre tradition toute particulière, c’est l’engagement de nos religieux ouvriers dans les milieux populaires, l’engagement social, et de nos jours, surtout auprès des réfugiés et des migrants.

C’est dans l’une ou l’autre de ces traditions dehoniennes que vous allez vous insérer, Dominique et Vincent, selon vos talents personnels.

Dans la congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur, il y a beaucoup de services à rendre, parfois fort divers. Mais l’unité ne fait pas défaut dans la diversité : l’unité, c’est notre commune dévotion au Sacré-Cœur, reçue de notre Fondateur :

être unis au Sacré-Cœur de Jésus – l’adoration eucharistique quotidienne en est le signe et un des moyens – être unis au Christ pour mieux être présents auprès des hommes et pour rendre les services qui nous sont demandés.

Ce n’est qu’unis au Christ que nous pouvons – selon l’expression de notre Règle de Vie – devenir « des prophètes de l’amour et des serviteurs de la réconciliation des hommes et du monde dans le Christ ». (RV, 7)

Eh bien, Dominique et Vincent, c’est ce vêtement que le Seigneur vous offre aujourd’hui.

A vous de le mettre pour être avec le Seigneur, et – mystère de la réparation au Sacré-Cœur – pour rejoindre même ceux qui sont dehors, là, où souvent il y a des pleurs et des grincements de dents. Nous sommes convaincus que tous, même ceux que nous croyons perdus, sont appelés au repas du Seigneur, car Dieu veut que tout homme soit sauvé.

C’est là un engagement exigeant certes, mais n’oubliez pas que jamais vous ne serez seuls. Vous avez votre communauté religieuse, vous avez auprès de vous les personnes qui vous sont confiées, que vous rencontrerez sur les différents chemins de la vie, et surtout vous avez à vos côtés le Seigneur, qui est votre berger et qui fait que rien ne vous manquera, même pas en ces moments où vous devez passer des difficultés, des doutes, voire le découragement.

Les célébrants et les nouveaux profès après la Messe de profession

Rappelez-vous alors vos vœux perpétuels :

vœu de chasteté – pour une vie droite, sans mélange, clairement donnée au Cœur du Christ ;

vœu d’obéissance – pour une vie à l’écoute des autres et à l’écoute du Seigneur ;

vœu de pauvreté – pour une vie qui attend tout de celui qui nous guide et nous assure, le Bon Berger qui un jour vous a adressé son appel à la vie religieuse.

Dominique, Vincent, nous tous, ici présents, nous prions pour vous en ce moment où vous vous engagez définitivement dans la vie religieuse selon le charisme du Père Dehon, pour que « grâce et bonheur vous accompagnent tous les jours de votre vie. » AMEN.