ἀκολουθεῖν ὀπίσω μου

ou bien 

ἀκολουθεῖν μοι

La liturgie de ce 24e dimanche du temps ordinaire nous propose de méditer le centre de l’évangile de saint Marc, le verset 34 du chapitre 8, adressé à la foule en même temps qu’aux disciples. C’est dire son importance.

Ὅστις θέλει ὀπίσω μου ἀκολουθεῖν, ἀπαρνησάσθω ἑαυτόν, καὶ ἀράτω τὸν σταυρὸν αὐτοῦ, καὶ ἀκολουθείτω μοι.

Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.

Pourquoi ce changement de ὀπίσω μου en μοι, comment le rendre par la traduction et quelle est sa signification?

Notre traduction liturgique nous propose les deux expressions suivantes: marcher à ma suite et me suivre.

Voici les choix faits par d’autres traducteurs: 

Si quelqu’un veut venir à ma suite, (…) qu’il me suive. (BJ + TOB)

Si quelqu’un veut venir après moi, (…) qu’il me suive. (Segond)

Si l’on veut venir à ma suite, (…) il faut me suivre. (Maredsous)

Y a-t-il une différence entre les deux expressions, et si oui quel en est le sens?

Il y a bien une différence, voire une opposition. Car Jésus nous demande de renoncer à nous-mêmes, donc à ce « vouloir marcher derrière lui » afin de prendre notre croix et de marcher avec lui.

Marcher derrière lui, n’est-ce pas un peu se cacher derrière lui, d’être son esclave, son serviteur, sans véritable responsabilité? Jésus dit qu’il faut renoncer à une telle suite. Ce serait faux de vouloir nous cacher derrière lui, de ne pas engager notre propre responsabilité, de ne pas soulever notre propre croix. Donc il ne faut pas avancer en se cachant derrière les propos du maître. Il faut renoncer à pareil projet de vie, pour faire autre chose: pour soulever notre croix et pour marcher à côté de Jésus, non pas comme ses esclaves irresponsables, ses suiveurs aveugles, mais comme ses amis, prêt à donner comme lui notre propre vie pour l’Evangile.

Et d’ailleurs Jésus poursuit ses recommandations à la foule et à ses disciples:

Car celui qui veut sauver sa vie, la perdra; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile la sauvera.

Ailleurs Jésus dira: « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. » (Jn 15,15)

Ne marchons donc pas simplement derrière Jésus (ἀκολουθεῖν ὀπίσω μου) comme le font des esclaves prêts à ne faire que la volonté du maître pour ne pas être punis; mais marchons avec Jésus, accompagnons-le (ἀκολουθεῖν μοι) comme ses amis, prêts à nous engager, voire à donner notre vie pour Lui et son Evangile.

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