Le Père PENNEC Alain
(1907-1989)

Né le 17.09.1907 à Fouesnant (29)
Profès le 29.09.1927 à Brugelette
Perpétuelle 20.09.1930 à Amiens
Prêtre le 14.07.1935 à Amiens
Décès le 21.04.1989 à Amiens


Né le 17 septembre 1907 à Fouesnant, dans le sud-Finistère, Alain Pennec s’est trouvé, en 1920, sur la route d’un messager du Sacré-Coeur à la recherche de recrues pour l’Ecole Apostolique St-Clément, qui rouvrait ses portes après la guerre. Pour répondre à cet appel, il lui fallut, à 13 ans, traverser toute la France, pour se rendre dans le petit village de Thieu, au bord de la Belgique. Il est vrai qu’il n’était pas seul à faire le voyage : François Le Gall (d’Elliant, à quelques Km de Fouesnant) et Tugdual Le Cheviller (de Grandchamp au Morbihan) étaient du convoi...Ils se retrouveront tous trois, avec quelques autres, 6 ans plus tard, en juin 1926, pour la prise de soutane et l’entrée au noviciat de Brugelette. Une année de noviciat, sous la direction du Père L. Mahiat, Jésuite, qui remplissait alors la fonction de Maître des novices et dont l’influence dut être assez forte, puisqu’on devait, 60 ans plus tard, retrouver, dans les papiers du P. Pennec, un impressionnant paquet de lettres témoignant d’une correspondance assidue pendant quelques années.
Au lendemain de la première profession, le 29 septembre 1927, il est envoyé rejoindre le P. Legay, qui vient d’être chargé d’ouvrir une petite école apostolique à Chef-Boutonne, en lien avec l’école libre dirigée depuis des années par le Père François Bouteiller. Il s’agit, pour la province, d’un premier essai de réouverture, sur le sol national, d’une école religieuse, après les expulsions de 1900, essai qu’il faudra abandonner à Chef-Boutonne en 1931, mais qui sera en fait transformé à Viry-Châtillon par le «retour» de St-Clément en 1931. Pour le frère Pennec, il s’agit, pendant deux années, de faire ses premières armes, dans ce qui constituera l’essentiel de sa «carrière» : l’enseignement.
De 1929 à 1931, philosophie, d’abord à Louvain, puis à Lille. Il semble avoir échappé au service militaire, pour raison de santé. En effet, en septembre 1930, il est admis aux voeux perpétuels et, en 31, 32, on le retrouve à Chef-Boutonne, en repos cette fois. De 32 à 35, il est à Lille pour la théologie. Il sera ordonné prêtre le 14 juillet 1935 à Amiens, par Mgr Bouque, en même temps que les PP Jacquemin, Didierjean et Turek. Mgr Bouque venait d’être ordonné évêque quelques mois plus tôt. Le Père Pennec achèvera sa théologie au séminaire de Gap, en raison de ses problèmes pulmonaires. En 1938, il rejoint Domois comme professeur. Mobilisé quelques mois en 1939, il est promptement démobilisé et rejoint Neussargues pour l’année scolaire 1940-41. Il est alors nommé à St-Clément où il enseignera notamment le latin, jusqu’en 1954.
Trois années à Neussargues et deux à Raon avant de revenir à Viry, enseigner à l’école paroissiale St-Louis jusqu’en 1959, au moment où l’école - le Père Salin, directeur, est remplacé par Mr Manenti - et l’équipe paroissiale - à laquelle il appartenait de par ses fonctions à l’école - subissent un complet bouleversement.
C’est pour lui la fin de quelque 32 années d’enseignement où le sérieux de son travail, son savoir-faire, notamment auprès des plus jeunes, faisait merveille, même si son caractère explosif provoquait parfois des heurts avec supérieurs et confrères.
Le Père Pennec avait une autre corde à son arc - à son violoncelle, plus précisément - il était musicien. Il fit partie de l’orchestre du scolasticat de Lille. A Neussargues, en 40-41, il monte aussi un petit orchestre. Pendant toutes ses années à St-Clément, puis de nouveau à Neussargues, il est maître de chapelle. La chorale qu’il dirigeait à St-Clément fut même choisie pour assurer les chants de la toute «première messe télévisée» de France. Lorsqu’il quitte l’enseignement, il trouve à s’employer comme violoncelliste dans un petit orchestre parisien, ce qui lui permet de garder une certaine activité.
Malheureusement une surdité de plus en plus profonde l’oblige à abandonner (on ne joue pas du violoncelle, sans ses oreilles), en même temps qu’elle le coupe de plus en plus des conversations communautaires. C’est dire que les années qu’il passe au Passage Doisy de 70 à 82 furent assez pénibles, réduit qu’il était à une quasi inactivité, si l’on excepte la messe qu’il allait dire tous les jours à la communauté des soeurs de Neuilly.
Sa nomination à Amiens en 82, en lui procurant une occupation au service de la procure, lui permet de se sentir de nouveau utile, en même temps qu’une prothèse acoustique - qu’il eut toujours du mal à régler - lui permet de prendre une certaine part aux conversations. Il y retrouve une certaine sérénité dont toute la communauté profite. Sans oublier, ici aussi, la messe quotidienne qu’il assure, en se rendant à pied, par tous les temps, à la maison de repos des religieuses de la Sainte Famille de Cagny. Et cela même lorsque sa respiration de plus en plus haletante l’oblige à s’arrêter fréquemment.
Après un bref séjour à l’hôpital au début de cette année, il était rentré en communauté, mais l’obligation de recourir fréquemment à une assistance respiratoire, jointe à l’impossibilité de se risquer dans un escalier, l’obligeait à garder la chambre. Brutalement, au soir du 21 avril, le Seigneur l’a convié à se joindre à l’orchestre céleste.
Père DESEINE scj


AVANT-PROPOS, EXERGUE - CAUSES INTRODUITES