Né le 17 septembre 1907 à Fouesnant,
dans le sud-Finistère, Alain Pennec sest trouvé,
en 1920, sur la route dun messager du Sacré-Coeur à
la recherche de recrues pour lEcole Apostolique St-Clément,
qui rouvrait ses portes après la guerre. Pour répondre
à cet appel, il lui fallut, à 13 ans, traverser toute
la France, pour se rendre dans le petit village de Thieu, au bord
de la Belgique. Il est vrai quil nétait pas seul
à faire le voyage : François Le Gall (dElliant,
à quelques Km de Fouesnant) et Tugdual Le Cheviller (de Grandchamp
au Morbihan) étaient du convoi...Ils se retrouveront tous
trois, avec quelques autres, 6 ans plus tard, en juin 1926, pour
la prise de soutane et lentrée au noviciat de Brugelette.
Une année de noviciat, sous la direction du Père L.
Mahiat, Jésuite, qui remplissait alors la fonction de Maître
des novices et dont linfluence dut être assez forte,
puisquon devait, 60 ans plus tard, retrouver, dans les papiers
du P. Pennec, un impressionnant paquet de lettres témoignant
dune correspondance assidue pendant quelques années.
Au lendemain de la première profession, le 29 septembre 1927,
il est envoyé rejoindre le P. Legay, qui vient dêtre
chargé douvrir une petite école apostolique
à Chef-Boutonne, en lien avec lécole libre dirigée
depuis des années par le Père François Bouteiller.
Il sagit, pour la province, dun premier essai de réouverture,
sur le sol national, dune école religieuse, après
les expulsions de 1900, essai quil faudra abandonner à
Chef-Boutonne en 1931, mais qui sera en fait transformé à
Viry-Châtillon par le «retour» de St-Clément
en 1931. Pour le frère Pennec, il sagit, pendant deux
années, de faire ses premières armes, dans ce qui
constituera lessentiel de sa «carrière»
: lenseignement.
De 1929 à 1931, philosophie, dabord à Louvain,
puis à Lille. Il semble avoir échappé au service
militaire, pour raison de santé. En effet, en septembre 1930,
il est admis aux voeux perpétuels et, en 31, 32, on le retrouve
à Chef-Boutonne, en repos cette fois. De 32 à 35,
il est à Lille pour la théologie. Il sera ordonné
prêtre le 14 juillet 1935 à Amiens, par Mgr Bouque,
en même temps que les PP Jacquemin, Didierjean et Turek. Mgr
Bouque venait dêtre ordonné évêque
quelques mois plus tôt. Le Père Pennec achèvera
sa théologie au séminaire de Gap, en raison de ses
problèmes pulmonaires. En 1938, il rejoint Domois comme professeur.
Mobilisé quelques mois en 1939, il est promptement démobilisé
et rejoint Neussargues pour lannée scolaire 1940-41.
Il est alors nommé à St-Clément où il
enseignera notamment le latin, jusquen 1954.
Trois années à Neussargues et deux à Raon avant
de revenir à Viry, enseigner à lécole
paroissiale St-Louis jusquen 1959, au moment où lécole
- le Père Salin, directeur, est remplacé par Mr Manenti
- et léquipe paroissiale - à laquelle il appartenait
de par ses fonctions à lécole - subissent un
complet bouleversement.
Cest pour lui la fin de quelque 32 années denseignement
où le sérieux de son travail, son savoir-faire, notamment
auprès des plus jeunes, faisait merveille, même si
son caractère explosif provoquait parfois des heurts avec
supérieurs et confrères.
Le Père Pennec avait une autre corde à son arc - à
son violoncelle, plus précisément - il était
musicien. Il fit partie de lorchestre du scolasticat de Lille.
A Neussargues, en 40-41, il monte aussi un petit orchestre. Pendant
toutes ses années à St-Clément, puis de nouveau
à Neussargues, il est maître de chapelle. La chorale
quil dirigeait à St-Clément fut même choisie
pour assurer les chants de la toute «première messe
télévisée» de France. Lorsquil
quitte lenseignement, il trouve à semployer comme
violoncelliste dans un petit orchestre parisien, ce qui lui permet
de garder une certaine activité.
Malheureusement une surdité de plus en plus profonde loblige
à abandonner (on ne joue pas du violoncelle, sans ses oreilles),
en même temps quelle le coupe de plus en plus des conversations
communautaires. Cest dire que les années quil
passe au Passage Doisy de 70 à 82 furent assez pénibles,
réduit quil était à une quasi inactivité,
si lon excepte la messe quil allait dire tous les jours
à la communauté des soeurs de Neuilly.
Sa nomination à Amiens en 82, en lui procurant une occupation
au service de la procure, lui permet de se sentir de nouveau utile,
en même temps quune prothèse acoustique - quil
eut toujours du mal à régler - lui permet de prendre
une certaine part aux conversations. Il y retrouve une certaine
sérénité dont toute la communauté profite.
Sans oublier, ici aussi, la messe quotidienne quil assure,
en se rendant à pied, par tous les temps, à la maison
de repos des religieuses de la Sainte Famille de Cagny. Et cela
même lorsque sa respiration de plus en plus haletante loblige
à sarrêter fréquemment.
Après un bref séjour à lhôpital
au début de cette année, il était rentré
en communauté, mais lobligation de recourir fréquemment
à une assistance respiratoire, jointe à limpossibilité
de se risquer dans un escalier, lobligeait à garder
la chambre. Brutalement, au soir du 21 avril, le Seigneur la
convié à se joindre à lorchestre céleste.
Père DESEINE scj
AVANT-PROPOS,
EXERGUE - CAUSES
INTRODUITES
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