HISTORIQUE

Dans le courant des années 1960, l’Église prend conscience du phénomène de sécularisation qui frappe principalement le monde occidental et du fossé qui s’est creusé avec le monde du travail. Vatican II ouvre des pistes pour un dialogue nouveau avec le monde. Les prêtres ouvriers sont relancés avec la mission ouvrière. La vie religieuse est invitée à se renouvelée.

Dans cette mouvance, la province française des Prêtres du Sacré-Cœur engage une réflexion pour une nouvelle présence de vie religieuse en monde ouvrier, là où l’Église est habituellement loin. C’est ainsi qu’en 1970, le provincial des prêtres du Sacré-Cœur, le père Pierre Hartmann, demandait au père Bernard Massera, à Saint Quentin depuis 1967 et prêtre ouvrier dans une entreprise de chaudronnerie industrielle, d’accompagner deux jeunes frères, Etienne Chevallier et Bernard Lyon, « pour inventer progressivement un style de vie religieuse laïque dans le monde du travail ». De cet appel allait naître, à Saint Quentin, rue Saint Laurent, la première petite communauté en classe ouvrière. Le 10 novembre 1971, une lettre de mission cosignée par le provincial et l’évêque de Soissons confirmait cet envoi.

En septembre 1972, les pères André Blaise et Pierre Hartmann – ce dernier embauché comme infirmier à l’hôpital – ouvrent à Meaux (77) une petite fraternité dans le grand ensemble populaire de Beauval.

Dans le diocèse de Corbeil (91), et dans le même esprit, avec un envoi conjoint de la province et du diocèse, deux nouvelles fraternités voient le jour.

L’une commence le 13 janvier 1973 avec les pères Jean Bosser, J.C. Vermot-Desroches et J.P. Yvert, prêtre diocésain, dans un grand ensemble de Sainte Geneviève des Bois.

L’autre, avec le père Joseph Duquet, rentré en France après 12 années au Cameroun et Jean Claude Auguin, prêtre diocésain, inaugure, en 1975, dans la ville nouvelle des Ulis, « une petite communauté de vie religieuse engagée dans le travail et pour un service sacerdotal en monde ouvrier ». Le père Moïse Hecquet, après 25 ans de Cameroun, rejoindra, en 1977, cette communauté et trouvera un emploi dans une grosse entreprise locale, Gervais-Findus « pour un meilleur partage de la condition ouvrière »

Le décès du père Bosser, (1981) l’évolution des appels personnels et diocésains, amèneront des évolutions dans ces implantations. Sainte Geneviève sera fermée pour une nouvelle implantation, d’abord à la Grande Borne’(1983-1986) puis un renforcement aux Ulis avec six religieux (1986-1990) d’où se détacheront trois d’entre eux pour ouvrir une nouvelle implantation à Massy en 1990, quartier Poterne-Bièvre..

A Saint Quentin, dans les années 1970, en lien avec la fraternité de Saint Laurent, la communauté approfondit son style de présence à la vie de la population. C’est ainsi que chaque religieux trouve sa place dans des associations inscrites dans la dynamique du mouvement ouvrier que ce soit pour la défense et l’animation du quartier, dans la lutte contre la pauvreté ou pour la libération de l’esclavage de l’alcool. C’est ainsi également que le père Marcel Ouillon, en 1972, entre au travail et prend sa place dans une organisation syndicale…

Dans le diocèse de Dijon, une communauté se met en place avec deux jeunes frères, Jean Claude Collin et Jean Duthilleul accompagnés dans un premier temps par le père Jean Jacques Ragon puis avec le père Bernard Gourier, prêtre diocésain qui s’engage concrètement dans l’aventure. Ainsi s’ouvre en 1973, d’abord à Aubigny et finalement à Lacanche, une petite communauté de religieux au travail en lien avec la mission de France dans le rural. Le frère Antoine Atzenhoffer les rejoindra quelques années après.

La réunion annuelle à Thierry en 2017

En écho au père Dehon qui invitait les prêtres à « sortir de la sacristie pour aller aux hommes », ces petites communautés se lançaient dans une aventure nouvelle. La vie religieuse apostolique est d’abord une vie d’hommes parmi les hommes. Elle témoigne, à l’image du Cœur du Christ, de la tendresse de Dieu pour tous. Elle se met, comme le Christ, sur les chemins du monde pour essayer d’en découvrir les traces de l’Esprit à l’œuvre et pour prendre sa place dans les efforts des hommes pour construire un monde nouveau de plus en plus image du Royaume… Par chacun des membres de ces petites fraternités et par ces fraternités elles mêmes, Dieu se fait à nouveau proche. Il renouvelle et actualise son incarnation. « Et le Verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous ! » L’eucharistie célébrée en fraternité retrouve tout le poids d’une humanité en marche vers sa libération et son salut !

Puisque la vie religieuse, dans cette démarche, est une chance proposée à tous les baptisés, il n’est pas étonnant que des prêtres du clergé diocésain, rejoignent ces petites fraternités avec toutes leurs exigences et leur chaleur humaine. La province des Prêtres du Sacré Cœur en reconnaîtra le bien fondé en l’inscrivant dans sa règle de vie.

AUJOURD’HUI

Fidèles à cette histoire, à ces orientations missionnaires et à la spiritualité dehonienne d’incarnation, la Province « Europe Francophone » des Prêtres du Sacré Cœur de Saint Quentin a maintenu trois implantations significatives pour les SCJ comme pour l’église de France : Saint Quentin, lieu de la fondation de la congrégation ; Lacanche en milieu rural ouvrier dans la Côte d’Or où les SCJ sont présents depuis 1901 ; Massy dans l’Essonne, au cœur d’un grand ensemble de la banlieue parisienne.

Rencontre à Thierry

Ces communautés se réunissent régulièrement une fois par trimestre pour une journée ou un week-end de réflexion et de prière, sur un thème d’année, en se faisant assister par un théologien. Ces rencontres sont ouvertes à tous les prêtres du Sacré Cœur qui partagent leur démarche missionnaire.