La Toussaint nous le rappelle
Depuis les Lumières du XVIIIe siècle, on nous a fait croire que le fanatisme serait lié à un excès de religion et qu’il faudrait donc, pour le soigner, s’éloigner de toute religion en recourant exclusivement à ce qu’une certaine modernité a défini être la rationalité et la raison.
Or voilà ! le remède proposé, tant par les médias que par l’enseignement public, est resté sans effet : les fanatismes de tous genres fleurissent bien dans les sociétés hautement sécularisées et laïcisées. Faux semble donc être le diagnostic jadis posé par Voltaire : loin d’éliminer les fanatismes, l’oubli et le mépris de la religion les favorisent plutôt et les aident à se développer.
« Loin de souffrir d’un excès de Dieu, comme une certaine idéologie nous le fait croire, le fanatique souffre au contraire de la dramatique absence de Dieu. »
Car contrairement à l’authentique fidèle d’une religion, le fanatique, tout en singeant certains rites religieux, refuse la relation personnelle à Dieu et ne se rend pas compte de l’amour personnel que Celui-ci lui porte.
Sans fignoler davantage le diagnostic, proposons les trois remèdes que donne Adrien Candiard, dans son excellent livre « Du fanatisme. Quand la religion est malade ». Ces trois remèdes, nous les avons déjà depuis longtemps dans nos pharmacies : ce sont la théologie, le dialogue interreligieux et la prière personnelle et silencieuse.
Rarement un fanatique a étudié la théologie. D’ailleurs on ne l’enseigne plus dans nos écoles publiques qui gardent captive la raison dans un carcan strict, lui refusant même de se déployer pleinement, chaque fois quand sa logique et sa cohérence interne lui demandent de parler de Dieu.
Si le fanatique désire certes convertir les autres à sa cause, il se ferme pourtant au dialogue interreligieux. D’ailleurs ce genre de dialogue, ouvert à la Vérité, est bien banni de l’enseignement public qui, se voulant neutre, prépare bien le terrain aux fanatismes de tout genre, se servant d’une critique des religions dont la caricature et le blasphème semblent être les outils pédagogiques les mieux appropriés.
Reste la prière personnelle et silencieuse. S’il prie, le fanatique ne le fait que par ces formules à haute voix qui corroborent ses néfastes positions idéologiques et l’encouragent à les mettre en pratique. Jamais il ne rencontre véritablement l’amour de Dieu.
« Non le fanatique n’est pas un saint. Il est au contraire le produit du refus de Dieu. »
Non, le fanatique n’est pas un saint. Il est au contraire le produit du refus de Dieu. Car il lui manque ce qui caractérise la vraie sainteté : le désir de connaître Dieu, l’échange respectueux et bienveillant avec les autres religions et surtout la prière personnelle et silencieuse témoignant de l’amour de Dieu.
Une société qui organise sa vie publique en ignorant cette sainteté ou même en la combattant, favorise nécessairement les fanatismes qui se développent alors dans ces terreaux prétendus religieusement neutres.
P. Jean-Jacques Flammang scj
Clairefontaine