Le jeudi saint, nous fêtons plusieurs choses : l’institution de l’eucharistie lors de la dernière Cène, la fête des prêtres, le rappel de la Pâque juive avec la sortie d’Egypte et le début de la passion. L’évangile de Jean a choisi de nous présenter tout cela en la figure du Christ serviteur. Ce n’est pas par hasard que Jean, le seul de tous les évangélistes, nous fait entrer au cœur du mystère de l’eucharistie en montrant le service. Il n’y a pas de récit de la Cène comme institution de l’eucharistie dans l’évangile de Jean. De tels récits se trouvent dans les autres évangiles.  Mais l’ultime repas est déjà présent tout au long de l’évangile de Jean avec le récit de Cana et de la multiplication des pains, en outre la rencontre avec le Ressuscité à la fin de l’évangile sur les bords du Lac de Galilée.

La cène, l’eucharistie est mise en valeur par le récit du lavement des pieds et l’invitation au service. L’eucharistie, rendre grâce, c’est se faire serviteur de ses frères et sœurs, nous dit Jean.

 A la suite du Christ, les évêques, les prêtres et les diacres, dans le sacrement du sacerdoce prennent ce titre de serviteur. Il est important de se rappeler qu’il ne s’agit pas d’un titre qui les place au-dessus des fidèles, mais bien d’un titre qui définit la fonction du sacerdoce auprès du peuple chrétien, la fonction de serviteur. On ne croit pas à cause du Père X ou Y, on ne va pas à l’église à cause de celui-ci et on ne la quitte pas à cause de celui-là, on y va à la rencontre du Christ qui s’offre à nous avec son corps et son sang pour nous faire vivre de la vie éternelle. Les prêtres, les évêques et les diacres passent,le Christ demeure. Le sacerdoce s’efface pour laisser la place au seul prêtre et au seul vrai Dieu. Mettre un prêtre à la place du Christ, c’est tomber dans l’idolâtrie. C’est pour cela que la liturgie nous fait entendre cet évangile aujourd’hui, celui qui veut se mettre à la suite du Christ doit se faire serviteur comme le Christ lui-même.

En disant cela, on voit que la notion de service dépasse celle de sacerdoce, elle concerne l’ensemble du peuple chrétien dans ce qu’il doit être et dans ce qu’il doit vivre en acte : le chrétien, le baptisé est un serviteur. Nous ne sommes pas au-dessus des non-croyants, des juifs, des musulmans, de ceux qui ne partagent pas notre foi, nous sommes à leur service pour témoigner de l’amour de Dieu pour chaque homme et chaque femme de ce monde. En période d’épidémie, beaucoup de saints, laïcs ou consacrés, ont pris cet habit de serviteur en se mettant au service des malades, sans se soucier de leur religion, de leur foi ou de leur morale. Si nous avions en tête cet esprit de service que demande Jésus à ses disciples, il y aurait sûrement moins de divisions entre chrétiens et dans l’Eglise ; et notre témoignage aurait plus de force. Saint Jean nous rappelle que ces titres de gloire, de prêtre, de prophète et de roi, que nous avons reçus au baptême, sont aussi un devoir et une responsabilité à remplir : être au service de nos frères et sœurs chaque jour de notre vie.

Le Jeudi saint, la fête d’aujourd’hui, est la fête du sacerdoce particulier des prêtres et par extension de celui commun à tous les baptisés. Elle est la fête avant tout de tous les serviteurs libérés de l’esclavage du péché et de la mort et heureux de célébrer ce don merveilleux de la vie qui nous est donnée à chaque eucharistie.

Père Théo Klein SCJ

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