Chers Confrères,

Je vous annonce la triste nouvelle du décès du Frère Michel Poirier à la Maison Jean Dehon de Mougins ce 12 août 2022 au cours de la matinée.

Doyen de notre Province et de notre Congrégation, il était dans sa 108e année.

Né le 29 avril 1915 à Remouillé (Loire Atlantique), il a fait sa profession religieuse le 3 avril 1936 à Amiens.

Les obsèques auront lieu le mardi 16 août à 14h30 en la chapelle de la Maison Jean Dehon à Mougins.

Chaque communauté de la Province se souviendra du Frère Michel Poirier dans sa prière commune, notamment dans une eucharistie concélébrée (DP 69.1).

En union de prière,

P. Joseph Famerée, scj

Provincial EUF

Photo scj, 2 juin 2022, lors de la visite du P. Charles Koudjou, conseiller général

Homélie prononcée à l’occasion des funérailles du Frère Michel Poirier, scj

Lectures : Rm 8, 31b-35.37-39 ; Ps 22 ; Lc 12, 35-44

Celui qui était le doyen de la ville de Mougins, de la Province Europe francophone et même de toute la Congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur nous a quittés dans sa 108e année ce 12 août 2022 au matin, le jour même où nous célébrons l’anniversaire de la mort ou naissance à la vie éternelle de notre Fondateur, le Père Jean-Léon Dehon, qui a également donné son nom à cette belle maison. Le Frère Michel Poirier nous a quittés ce 12 août au matin sans bruit, discrètement, comme il a vécu sa vie de service attentif et désintéressé.
Né le 29 avril 1915 à Remouillé en Loire Atlantique, il ne connaîtra pas son papa tué au cours de la Première guerre mondiale. Il fut d’abord élève dans notre juvénat de Chef-Boutonne dans le diocèse de Poitiers ; ensuite, après son postulat et son noviciat à Amiens, il fera sa première profession religieuse dans notre congrégation le 3 avril 1936 et prendra pour nom de religion Joseph de Cupertino, un saint connu pour ses miracles et ses lévitations, figurez-vous, raison pour laquelle sans doute celui-ci devint patron des aviateurs. Ce Joseph, malgré beaucoup de limites naturelles, avait été admis comme frère lai ou coopérateur chez les Capucins. Il était toujours gai et joyeux. Il faisait tellement preuve d’obéissance, de piété et d’humilité que ses supérieurs décidèrent de le recevoir comme clerc. Joie, obéissance, piété, humilité, on peut reconnaître bien des traits de notre Frère Michel.
La première affectation de celui-ci comme profès temporaire fut le juvénat de Viry-Châtillon ; ensuite, au cours de la Seconde guerre mondiale, comme profès perpétuel, il sera affecté au juvénat des Prêtres du Sacré-Cœur de Neussargues dans le Cantal jusqu’à la fin des années 1950, puis de nouveau à notre école apostolique Saint-Clément de Viry-Châtillon dans l’Essonne, où il vécut jusqu’à son départ pour Mougins au début des années 1990. À Viry, il se mit totalement au service du Frère Pierre Rassarie, qui y était l’économe local. À eux deux, ils y firent des merveilles pour répondre à toutes les nécessités d’entretien de l’école.
Bon serviteur, toujours prêt à servir son Maître et Seigneur dans les autres humains. C’est pourquoi, j’ai choisi l’Évangile selon Luc 12, 35-44. « Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. (…) Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son [retour des noces], trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. S’il revient vers minuit ou vers trois heures [ou dix, onze heures] du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! » Je suis sûr que le Frère Michel était prêt depuis longtemps, sa lampe allumée, et qu’il veillait en attendant l’arrivée du Maître. Je suis sûr aussi que lorsque le Maître est arrivé vers 10 ou 11 heures du matin le 12 août dernier, il a trouvé le Frère Michel prêt et vigilant, et qu’il l’a fait prendre place à son banquet céleste pour le servir.
Car son engagement religieux à la pauvreté, à l’obéissance et au célibat pour le Règne de Dieu, et un engagement qu’il faut honorer, était, disait-il, l’événement le plus important de sa vie. Il soulignait aussi l’importance de l’engagement missionnaire, éducatif. On lui demandait encore au mois de juin de cette année : « quels conseils donneriez-vous aux jeunes religieux ? ». Sa réponse fut instantanée : rester fidèle, bien étudier, bien se former, bien se préparer dans tous les domaines, religieux, éducatif et surtout professionnel…
Rester fidèle en réponse à la fidélité de l’amour de Dieu pour chacun et chacune d’entre nous : si Dieu est pour nous, s’exclame saint Paul, qui sera contre nous ? qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? (Rm 8) Telle était, je pense, la conviction de prêtre du Sacré-Cœur du Frère Michel : rien ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. Si nous sommes infidèles, Dieu, lui, dans son inépuisable miséricorde, restera toujours fidèle. C’est dans cette foi et cette espérance que le Frère Michel Poirier est entré dans la vie éternelle, un 12 août comme le P. Dehon.
Rendons grâce à Dieu de nous avoir donné de connaître le Frère Michel et d’être stimulés par son exemple de vie simple, joyeuse et évangélique. Puissions-nous être animés par la même foi et la même espérance en la résurrection dans le Christ. Qui pourra jamais nous séparer de l’amour du Christ ? « Si je traverse les ravins de la mort, assure le psalmiste, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure » (Ps 22).

P. Joseph Famerée, scj
Provincial EUF