En ce dimanche du Bon Pasteur, Jésus nous fait savoir: « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos; il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix: il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. » (Jn 10, 16)
Aujourd’hui, 2000 ans plus tard, nous pouvons nous demander qui sont ces autres brebis dont parle Jésus?
Pour les premiers chrétiens qui sont tous juifs ce sont les non-juifs, les Grecs dont nous apprenons d’ailleurs dans l’évangile de saint Jean que certains veulent voir Jésus. (cf. Jn 12, 20-21)
Plus tard, lorsque les barbares envahissent Rome, ce sont eux qui sont les autres brebis. Ils accueillent le Christ, et une véritable civilisation chrétienne se construit en Europe.
Plus tard encore, lorsque les Européens cherchent d’autres voies pour faire du commerce en Inde et qu’ils rencontrent des civilisations jusque-là inconnues pour eux, ce sont celles-ci qui sont les autres brebis. D’ailleurs le Pape Paul III doit alors rappeler avec force aux colons que les indigènes ne sont pas des animaux dont on pourrait faire des esclaves, mais qu’ils sont des êtres humains comme eux, avec une dignité et une liberté qui doivent être respectées. Mais hélas la voix du pape n’est plus écoutée, et l’esclavage que la civilisation chrétienne avait abolie réapparaît malgré les menaces d’excommunication du souverain pontife. D’un autre côté, tout un mouvement missionnaire se développe pour annoncer le Christ et donner aux indigènes le même statut que les envahisseurs qui se croyaient supérieurs.
Et aujourd’hui?
Les autres brebis sont certes les personnes à la périphérie de la civilisation dominante qui perd de plus en plus ses repères chrétiens. Les autres brebis, ce sont ces gens de la périphérie dont nous parle si souvent et avec insistance le Pape François. Ces autres brebis pourraient nous reparler de Jésus à nous qui avons tendance de l’oublier.
Et demain? Qui seront demain les autres brebis dont parle Jésus?
Peut-être les extraterrestres. Et on est en droit de se demander que faire si nous entrons en contact avec eux?
Dans son livre « Jésus, les OVNI, les Aliens. L’intelligence extraterrestre, un défi pour la foi chrétienne », le théologien allemand Armin Kreiner a publié ses réflexions sur une possible rencontre entre les extraterrestres et les chrétiens de notre planète. Sa femme lui avait déconseillé de publier ce livre pour ne pas se ridiculiser. Mais le grand professeur de Munich n’a pas obéi à son épouse et a livré ses réflexions – fort intéressantes d’ailleurs – au grand public.
Nous ne savons pas encore s’il y a vraiment de l’intelligence extraterrestre, mais si des extraterrestres entraient en contact avec nous, il faudrait aussi leur parler de Jésus, le bon berger afin de voir si ce sont bien eux dont Jésus parle lorsqu’il évoque « d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ».
De nos jours se pose encore une autre question. A côté de l’intelligence extraterrestre, nous avons l’intelligence artificielle. Les robots que nous construisons et qui peut-être un jour auront suffisamment d’autonomie pour prendre des décisions à la place des humains, devrons-nous les considérer comme faisant partie de ces autres brebis dont Jésus parle?
Il est évident que la construction des robots ne peut se faire sans des algorithmes leur permettant des prises de décision.Et donc les philosophes se demandent, à juste titre d’ailleurs, comment « faire la morale aux robots ». Un peu comme le font les parents pour l’éducation de leurs enfants, il faut donner aux robots des bases éthiques. Mais lesquelles choisir? En morale robotique, les approches arétiques semblent l’emporter sur les approches utilitaristes et déontologiques, et donc il faut présenter aux robots une panoplie de personnes vertueuses. C’est de ces bases de données que les robots se serviront pour devenir eux-mêmes des robots vertueux à même de prendre les bonnes décisions en toute autonomie.
Si Jésus est « le seul pasteur », on ne peut pas ne pas faire référence à Lui. Il a dit lui-même, qu’il a encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos, et notre foi doit en tenir compte. Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons suivre le Bon Pasteur, et qu’« il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. » (Jn 10, 16)