Une conférence internationale sous le thème « Dévotion au Sacré-Cœur : Mémoire – Corps – Image – Texte; Continuité et Discontinuité » s’est déroulée le 8 et 9 novembre 2019 à la Villa Aurelia à Rome. Elle fut parrainée par la Congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus et par l’Université de Lucerne (Suisse). Parmi les 120 participants se trouvaient des religieux et des laïcs dehoniens, des membres de congrégations religieuses dédiées au Cœur de Jésus ainsi que des chercheurs et spécialistes en histoire, en communication et en théologie.
Le Père Stefan Tertünte, directeur du Centro Studi Dehoniani, a ouvert la conférence. Le premier jour cinq orateurs ont partagé leurs recherches sur le thème « Mémoire, corps et émotion ; Dévotion – Transformations et dimensions transculturelles ».
Franziska Metzger, professeure à la Haute école pédagogique de Lucerne, a abordé la mémoire du Sacré-Cœur dans ses dimensions linguistique, iconographique et rituelle.
Elke Pahud de Mortanges de l’Université Albert-Ludwig de Fribourg a référé sur le Cœur de Jésus en tant que corps et incorporation, soulignant l’importance du corps en tant que dimension essentielle de la Révélation et du Cœur en tant que lieu de mémoire représentant la passion.
David Morgan, de l’Université Duke, à Durham (USA), a parlé de l’eros et de la vision dans la dévotion au Cœur de Jésus. Il a souligné l’importance et la différence de Saint Jean Eudes et des Jésuites pour la propagation de cette dévotion dans l’Église en France.
Le Père Antonio Viola, qui travaille dans la communauté dehonienne de Villazzano – Trente, a analysé l’iconographie du Sacré-Cœur entre le Concile de Trente et les apparitions de Paray-le-Monial et montré comme redonner un corps au cœur. Les représentations de la Passion du Christ donnent l’occasion aux fidèles de s’unir à la passion du Christ et de la revivre sans avoir à faire le pèlerinage à Jérusalem.
Stefan Laube, de l’Université Humboldt de Berlin, a montré comment l’alchimie au 17e siècle a aidé à mieux comprendre le cœur, analogue des flacons de laboratoire où se crée la vie. La deuxième journée fut consacrée à des transformations de la dévotion du Sacré-Cœur.
Daniel Sidler, de l’Université de Bâle, a développé les tensions entre la réforme baroque et les Lumières en Suisse et de rôle qu’y a joué la dévotion au Sacré-Cœur.
Maria Antonio Herradon Figueroa, de l’Académie des Beaux-Arts de Madrid, a analysé l’impact de la dévotion au Sacré-Cœur sur la politique en Espagne, de 1919 à 2019.
Paul Airiau, de l’Institut d’Etudes Politiques à Paris, a montré comment Mgr Maxime Charles, recteur de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre (1969-1985) a réussi à transformer la dévotion au Sacré-Cœur en la reformulant autrement et en lui donnant de nouvelles pratiques rituelles.
Le Père Fransiskus Purwanto, de l’Université Sanata Dharma à Yogyakarta (Indonésie) a présenté la dévotion au Sacré-Cœur de Ganjuran, qui est devenu un lieu de pèlerinage, mais aussi de rencontre et de dialogue entre différentes cultures et religions.
Sven Baier et Damian Troxler, de l’Université pédagogique Lucerne, ont fait une contribution sur la didactique du fait religieux à partir de l’iconographie transformée du Sacré-Cœur dans le milieu du football.
Marcello Neri, de l’Europa Universität à Flensburg, a montré comment la dévotion au Sacré-Cœur présente à côté de sa couche de surface d’autres couches cachées qui peuvent être activées dans des contextes différents. Ainsi la dévotion du Père Dehon est certes fondée sur Marguerite Marie Alacoque, mais aussi sur Thomas d’Olero que l’on devrait redécouvrir dans une société postséculaire où la dévotion n’a plus d’incidence politique directe.
Le cardinal José Tolentino Mendonça, archiviste et bibliothécaire de la Sainte Église Romaine, s’est appuyé pour redonner corps au cœur sur les cinq sens afin de mieux saisir la dévotion au Sacré-Cœur.
Le Père John van den Hengel, de la St Paul University d’Ottawa, a montré comment lire autrement la dévotion du Sacré-Cœur à partir de la figure de la Sagesse de l’Ancien Testament.
Nicolas Steeves, de l’Université pontificale grégorienne, a élaboré une théorie de l’imagination à même d’éclairer les développements de la dévotion au Sacré-Cœur.
Les documents de cette Conférence seront publiés ultérieurement.