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Les 125 ans de présence dehonienne à Clairefontaine

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Les 125 ans de présence dehonienne à Clairefontaine

Homélie prononcée

par le Père Provincial Jean-Jacques Flammang,

le 3 juillet 2014,

pour célébrer en communauté

les 125 ans de présence dehonienne

à Clairefontaine

 

Si nous regardons d’un peu plus près ce qui s’est passé ici à Clairefontaine il y a 125 ans, nous pouvons dire qu’à un certain moment l’abbé Dominique Hengesch était dans une situation comparable à celle de Thomas l’Apôtre.  

Avec les dominicaines, il avait quitté Clairefontaine en 1886. Ils se sont retirés au Limpertsberg d’où ils étaient venus en 1882 pour s’installer ici à Clairefontaine. Mais devant les émeutes, les religieuses n’y étaient plus en sécurité. Dominique Hengesch, aumônier et copropriétaire de Clairefontaine, ne savait pas quoi faire avec les bâtiments restés vides.

Pour Klara Moes, la fondatrice des Dominicaines de Luxembourg, c’était clair, il faut quelque chose en relation avec les missions.

Et c’est dans ce sens que l’on cherchait. Pourquoi ne pas demander aux marianistes d’y ouvrir une école apostolique ? Faute de moyens, les marianistes refusent.

Les Pères de la Sainte Croix, une congrégation américaine à laquelle appartenaient déjà quelques luxembourgeois à cause de l’immigration massive en Amérique au XIXe siècle, se montraient intéressés, mais hésitaient.

A Esch, il y avait les pères de Mgr Scalabrini. Ils cherchaient un lieu pour former des prêtres venant de toute l’Europe pour accompagner les émigrants en Amérique. Clairefontaine pouvait être ce lieu européen. Mais finalement le projet échoue. Pourtant depuis 25 ans, les Pères de Scalabrini viennent faire ici dans notre Centre d’accueil leur semaine internationale de Formation.    

Autre piste pour Clairefontaine : Le frère d’un des religieux de Sainte Croix était Mgr Fallize, évêque en Norvège. Pourquoi ne pas faire une école apostolique à Clairefontaine pour y former des jeunes pour aller en Norvège. Le grand séminaire de Luxembourg pourrait s’en occuper. Le pape Léon XIII avait demandé à l’évêque de Luxembourg de soutenir la Norvège. Et il a parlé de Clairefontaine comme école apostolique. Il en avait aussi parlé à Mgr Peter Schumacher, évêque en Ecuador, qui envoya directement un séminariste à Clairefontaine. Mais celui-ci n’a trouvé que des bâtiments vides, et c’est le Grand Séminaire de Luxembourg qui l’a accueilli.

Donc même Rome, le Vatican et le Pape Léon XIII se sont montrés intéressés à l’avenir de Clairefontaine.

Aussi le P. Arnold Janssen, des missionnaires de Steyl, était intéressé, mais il n’avait pas les moyens. L’université catholique de Louvain qui venait d’ouvrir un « Seminaire américain » voulait aussi une école apostolique. Peut-être à Clairefontaine ?

Mais toutes ces pistes restaient sans résultat.

Dominique Hengesch ne savait plus quoi faire. Un soir, il lit dans le Limburger Sonntagsblatt, un article sur une nouvelle école apostolique qui venait d’ouvrir à Watersleyde, c’était notre Sittard. Il s’informait. Et les Prêtres du Sacré-Cœur s’informaient aussi. Car le Père André Prévot avait envoyé le Père Schnitzler à Luxembourg pour y trouver des jeunes et une propriété. Le Père Schnitzler rencontre donc Dominique Hengesch qui se souvient de Léon Dehon, avec qui il avait été sténographe au Concile Vatican I.

Les Prêtres du Sacré-Cœur pourraient être la bonne réponse. Mais la Congrégation de la Sainte Croix n’avait pas encore refusé formellement.

Dominique Hengesch prend le train à 4 heures du matin, et à 10 heures il est à Saint-Quentin. Il parle une heure avec le Père Dehon. Les deux sont d’accord. Les Prêtres du Sacré-Cœur viendront à Clairefontaine.

Le Père Dehon visite Luxembourg les 22 et 23 mai 1889. Il est impressionné par la foi des Luxembourgeois. C’était le temps de l’octave de Notre Dame et les nombreux pèlerins à la cathédrale l’impressionnaient.  La décision est prise :  Clairefontaine sera l’école apostolique des Prêtres du Sacré-Cœur.

On est fin mai. Début juillet, précisément le 2 juillet 1889, les premiers élèves arrivent. Ils sont quatre.  C’étaient ceux qui étaient déjà venus pour la première école apostolique qui n’a pas pu ouvrir. Parmi eux : le futur Père Graaf et le futur Père Keyser.

Le Père Graaf sera missionnaire pionnier au Brésil, le Père Keyser, un des premiers missionnaires du Congo belge. Et le 12e élève qui arriva en août 89, c’est le futur supérieur général et évêque de Luxembourg, Joseph Philippe. Voilà les débuts.

L’idée, c’était donc bien un projet missionnaire, international. A l’époque et aujourd’hui 125 ans plus tard.

Clairefontaine a gardé, voire retrouvé cet esprit international, cet esprit missionnaire.

100 ans après le départ des dominicaines, l’école apostolique a fermé ses portes, en juillet 1986. S’est alors reposée la même question qu’il y a 125 ans ? Que faire ?

Nous sommes restés, et nous avons fondé un Centre d’accueil pour animation et formation spirituelles. La communauté de Clairefontaine est elle aussi devenue plus  internationale au fil des années : luxembourgeois, belges, français, maintenant polonais,…

Et l’Esprit du Père Dehon continue à y régner. Vous avez de nouveau introduit l’adoration quotidienne le soir. Belle initiative dans la direction de notre être dehonien. Le Centre accueille beaucoup de groupes. Et maintenant, il y aura des changements.

Le Frère Jean-François qui a travaillé ici pendant 12 ans est appelé à une nouvelle mission, autrement important. Un grand merci à Jean-François pour tout ce qu’il a fait ici, pour le bien du Centre. Lorsqu’il fallait chercher quelqu’un pour remplacer une personne manifestement pas faite pour ce travail d’accueil, le Père Birsens a demandé à Jean-François de venir ici. Et il est venu. Il a accompagné et géré tous les changements et transformations. Aujourd’hui, nous avons un beau Centre d’accueil. Et c’est en grande partie grâce à la ténacité et la persévérance de Jean-François, qui a aussi toujours essayé de garder vivant l’aspect spirituel du Centre.

La Province a besoin maintenant d’un religieux pour être dans la communauté de formation à Metz, quelqu’un qui met l’accent sur la vie religieuse, qui a le contact facile avec les gens qui se rencontrent autour de la chapelle de Metz, quelqu’un qui puisse être l’économe de la maison. Le Fr. Jean-François est la personne indiquée, et le Conseil provincial l’a appelé à cette mission et l’a nommé économe à Metz.   

Merci, Jean-François, d’accepter cette charge nouvelle, même s’il est difficile de quitter Clairefontaine. Je sais ce que c’est. Je l’ai vécu aussi. J’avais à l’époque un bon remplaçant en la personne du Père Théo, et donc j’ai pu quitter en toute confiance. Maintenant, il y a le Père André et le Père Ladis qui continueront le travail commencé. Et Jean-François, vous pouvez laisser le Centre en leurs mains. En toute confiance, et disponibilité pour la nouvelle mission à Metz.

Merci aussi au Père Ladis d’avoir accepté de venir ici à Clairefontaine.

Nous devons croire en l’avenir, comme l’a fait l’apôtre Thomas. Il n’avait pas vu le Christ, le premier jour, il n’a pas abandonné pour autant. Huit jours plus tard, fidèle, il était avec les autres. Et une belle histoire commence pour lui. Il prononce la belle confession de foi : « Mon Seigneur et mon Dieu. »

A toute la communauté de Clairefontaine, j’exprime mes plus vifs remerciements. Vous êtes tous différents, et avez des engagements divers, mais vous vivez un projet commun, une communauté dehonienne internationale, la plus grande de la province EUF. A vous de voir comment développer encore davantage notre présence ici sur la frontière. Et que le projet reste européen.

Notre Province est fière de Clairefontaine. Clairefontaine a survécu à pas mal de difficultés. Qu’elle continue à être un centre de rayonnement pour ceux qui viennent ici, pour l’Eglise et pour la société.

Au fond de la chapelle se trouve la statue de Notre Dame de la Miséricorde. Les dominicaines nous l’ont donnée alors qu’elles nous vendaient la maison. Qu’elle continue à protéger Clairefontaine, et que le Sacré-Cœur continue à bénir tout un chacun de vous, la communauté qui vit et travaille ici, et toutes les personnes qui passent par ce lieu, tant aimé de notre fondateur, le Père Dehon. Amen.

 

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