En mémoire du Père François Koedinger SCJ
En mémoire du Père François Koedinger
Le 25 août 2016 nous avons appris la triste nouvelle du décès du Père François Koedinger. Il est mort comme il a vécu : discret, avec le souhait que sa personne ne soit jamais mise au centre de l’activité. Et de fait, c’est ainsi qu’était Fränz : simple, non conventionnel, discret, foncièrement honnête, authentique, inflexible par rapport à certaines positions de l’Eglise, de la société et de la politique. Pour ces raisons, Fränz « dérangeait » aux yeux de certaines personnes. La critique selon laquelle il se serait distancié de l’Eglise et de la foi le blessait plus que nous ne le croyions. Est-ce que Fränz ne vivait pas la même situation que le samaritain de l’Evangile que les bienpensants regardaient d’un haut comme schismatique, bien qu’il ait vu clair et bien agi – comme le relate la parabole du bon samaritain ?
En quoi consistait la vison claire et pleinement consciente de Fränz Koedinger si appréciée par les adversaires d’un christianisme superficiel et routinier ? Prenons un exemple : Fränz ne comprenait pas comment des chrétiens pouvaient réciter chaque dimanche le Credo : « Je crois en Dieu, créateur… » sans se soucier davantage de la création. La foi chrétienne devait avoir un rapport avec la vie, voilà sa devise. Parce que sa foi entretenait toujours un rapport avec sa vie, Fränz rejoignait aussi des gens qui s’étaient distanciés de l’Eglise. Or, ce sont de telles personnes dont l’Eglise a besoin de nos jours !
Les questions des gens, les problèmes des Eglises et des sociétés ne laissaient pas d’intéresser Fränz, qui s’inspirait de la révélation biblique. Ainsi pour la Pentecôte 1989 : il avait participé avec enthousiasme au grand rassemblement de Bâle pour le processus conciliaire « Justice, paix, sauvegarde de la création » auquel souscrivaient toutes les Eglises chrétiennes. Fränz vivait pleinement cet esprit œcuménique.
Il se montrait aussi très critique. Ceux qui ne le connaissaient pas très bien, se méfiaient de lui ou l’évitaient tout simplement. D’autres jugeaient ses critiques dangereusement libératrices. Elles les soutenaient dans leur éloignement à l’égard des idéaux ecclésiaux et politiques trop polis et trop enracinés et les aidaient à changer leur vie. Ceux qui se donnaient la peine d’étudier le contenu de ses conférences, remarquaient vite que la bible nous appelle à ne pas seulement contempler la vie avec nos propres yeux, mais bien avec ceux des victimes, du Tiers-Monde par exemple, ces des gens qui souffrent des injustices, ces des femmes exploitées par le sexisme et ceux des individus qui n’ont pas voix dans l’Eglise et dans la société… Son talent consistait à mettre le doigt sur ces blessures.
Fränz faisait souvent preuve d’humour. Il ne se prenait pas pour un personnage très important. Comme nous nous connaissions bien, je me permis un jour de lui demander : « Fränz, que feras-tu, si au ciel tu as à côté de toi des gens avec qui tu éprouvais beaucoup de difficultés ici sur terre ? » Il sourit et réondit : « Au ciel toutes les personnes qui m’ont rendu la vie dure ici-bas seront purifiées – et moi aussi ! » C’était là l’authentique Fränz, celui qui a laissé des traces : un homme discret et un théologien critique plein d’esprit et d’humour.
P. Théo Klein scj
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