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Selon Christian de Duve, ce que Darwin a découvert de néfaste pour l'humanité, Jésus peut le guérir

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Selon Christian de Duve, ce que Darwin a découvert de néfaste pour l'humanité, Jésus peut le guérir

 

 

Vient de paraître chez Odile Jacob en la collection « poches. sciences » l’impressionnant écrit de Christian de Duve, prix Nobel de médecine : 

 

« De Jésus à Jésus en passant par Darwin »

 

Sur une petite centaine de pages, l’ancien professeur de l’Université catholique de Louvain revient, après avoir raconté sa formation chez les jésuites à Anvers, sur son parcours académique et scientifique en Belgique et aux Etats-Unis d’Amérique où il dirigeait des laboratoires de recherches, surtout sur la structure et le fonctionnement de la cellule. Ces travaux lui valaient, en 1978, le Prix Nobel de physiologie ou médecine, en partage avec son compatriote Albert Claude et avec l’Américain d’origine roumaine George Palade. 

De Jésus - c’est le Jésus de son enfance - à Jésus - c’est le Jésus après son contact avec les méthodes scientifiques, ses découvertes en laboratoire, ses résultats théoriques : le passage par Darwin lui a appris que l’homme est le produit de l’évolution avec sa sélection naturelle qui a donné à celui-ci un cerveau quatre fois plus grand que celui des singes et les traits génétiques d’égoïsme, qui le rend solidaire à l’intérieur d’un groupe, mais hostile à l’égard d’autres groupes, caractéristiques qui depuis son origine n’ont génétiquement pas changé. Mais alors que cet égoïsme était utile à nos ancêtres dans les conditions où ils vivaient, il est devenu, avec le développement du savoir et le changement de culture, néfaste aujourd’hui.

Alors que faire ? 

« Certainement pas changer nos gènes. » Christian de Duve est formel : « nous n’en avons ni le temps, ni les moyens techniques, ni, surtout, les connaissances. Nous ne saurions pas quels gènes supprimer, ni par quels gènes les remplacer ». 

Le seul espoir qui nous reste, c’est l’épigénétique, c’est-à-dire ce qui s’ajoute au génétique après la conception. La sélection naturelle nous a en effet conféré la faculté unique d’agir contre elle. Et Christian de Duve d’affirmer : « Nous sommes les seuls parmi tous les êtres vivants à posséder le pouvoir de nous opposer sciemment et volontairement (à la sélection naturelle), de prévoir l’avenir et d’agir en conséquence, de sacrifier le présent pour un bien futur, de vaincre notre propre nature. Mais, pour tirer parti de cette faculté, il faut l’éducation. Et pour éduquer, il faut des éducateurs, (…) des maîtres, des guides, des sages. »

C’est ici où Christian de Duve retrouve Jésus dont il avait entendu parler chez les Jésuites pendant ses études secondaires. Il est un de ces sages, sinon le sage, dont le monde a besoin aujourd’hui. 

Mais ce n’est plus le Jésus auquel il devait croire comme enfant, mais bien Jésus « dépouillé des contingences historiques, politiques, sociales et religieuses de son époque, ainsi que de tout l’habillage mythique construit autour de sa personne et du carcan doctrinal ou normatif dans lequel une autorité dogmatique l’a enfermé ». Jésus, devenu une critique et une négation évidente de celui qu’a prêché l’Église, est celui qui, avec son appel à l’amour, sans connaître Darwin, a donné les moyens pour nous opposer à ce que la sélection naturelle nous a conféré : l’égoïsme de groupe et l’hostilité aux autres groupes. En s’adressant non pas à un groupe précis, mais bien à l’ensemble de l’humanité, Jésus refuse de prôner la solidarité uniquement au sein d’un groupe égoïste, et en refusant la violence, il prend parti contre l’hostilité entre groupes. Sage, Jésus l’est parce qu’il a bien découvert ces deux points que la sélection naturelle a inscrits dans notre patrimoine génétique et parce qu’il nous livre les moyens de les dépasser pour que l’humanité ne se détruise et ne disparaisse. 

 

Sa philosophie dont Christian de Duve nous livre quelques points est un monisme refusant tout dualisme. Alors que Descartes fut son maître pour la rigueur scientifique, Spinoza semble lui offrir le cadre pour mieux penser ce qu’il appelle l’« Ultime réalité ». 

Refusant tout dogmatisme, le prix Nobel écarte non seulement les assertions de certains magistères religieux, mais également l’athéisme militant d’un Richard Dawkins ou d’un Steven Weinberg. « La science ne peut pas démontrer l’inexistence de Dieu, pas plus, d’ailleurs, que son existence. »

Christian de Duve se montre ici à la fois humaniste et prudent, comme beaucoup de professeurs des grandes universités catholiques qui dans les années 1970, 1980 refusaient l’idéologie en vogue qui a finalement disparu avec la chute du mur de Berlin. 

 

P. Jean-Jacques Flammang scj

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