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Canonisation de deux grandes figures de l'Eglise du 20e siècle

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Le pape Paul VI avec Mgr Oscar Romero Le pape Paul VI avec Mgr Oscar Romero

 

 

Le 14 octobre 2018 le Pape François canonise le Pape Paul VI, artisan du Concile Vatican II, ainsi que Mgr Oscar Romero, archevêque du San Salvador, assassiné le 24 mars 1980. 

 

Quelles sont les significations de ces deux canonisations associées par le pape François ? On peut en retenir trois. 

 

D'abord le Pape Paul VI a mené et terminé le processus du Concile Vatican II, engagé par le Pape Jean XXIII, malgré les vents contraires dus aux freins de la curie, aux menaces de schismes. Il a tenu à ce que l'Eglise "rentre en conversation" avec son époque et qu'elle comprenne que le "chemin de l'homme est le chemin de l'Eglise". L'Eglise fait route avec les hommes et les femmes de ce temps, car Dieu parle à travers eux et leurs conditions d'existence. C'est au coeur de ces réalités que l'Eglise annonce la Parole qui libère, sauve et transforme. C'est sa participation à l'incarnation du Fils.

 

Ensuite, à la fin du Concile, une quarantaine d'Evêques d'Amérique latine, confrontés à des régimes autoritaires dans leur pays et "fondés" de nouveau dans leur ministère par les dynamiques du Concile, décidaient de s'engager de façon radicale. Et à cet effet, dans une trèsgrande discrétion, sous le leadership de Dom Helder Camara, archevêque de Recife, ilsfaisaient un PACTE dit DES CATACOMBES par lequel ils s'engageaient à être des pasteursselon l'Evangile, pauvres avec leur peuple, artisans de nouvelles structures sociales au servicedes plus déshérités, dans la justice. Et de privilégier la synodalité dans leur démarche.

 

Ces évêques, suivis de quelques autres, soutenus par des théologiens, des religieux,religieuses, laïc/ques engagés ont su créer une dynamique à travers tout le sous-continent etdevenir des ferments de changements politiques et sociaux. Mais très vite ils sont devenus lacible des possédants, des gouvernements dictatoriaux appuyés notamment par les Etats-Unisqui vivaient dans la peur du castrisme et de ses extensions possibles.

 

Ainsi les années 1965-1990 ont-elles été, pour l'Eglise d'Amérique Latine, des années de lutte, de combat : des prophètes se sont levés, des martyr/es sont tombés. Des centaines de martyr/es dont Mgr Oscar Romero apparaît comme la figure de proue.

C'est une grande page de notre Eglise contemporaine qu'il nous faut méditer et qui reste source, aujourd'hui encore, de vitalité.

 

Or le pape François est un fils du Concile, un fils de Paul VI, un compagnon de ces évêques du Pacte des Catacombes qu'il a connus, fréquentés, de ces religieux/ses, laï/ques engagés qu'il a soutenus, assistés. Le pape François tel que nous le connaissons maintenant est clairement le fruit de cette Eglise et il nous en montre aujourd'hui, sur la scène internationale, la richesse et la fécondité, par sa compréhension des situations concrètes, par ses gestes spontanés, ses paroles simples qui vont au cœur des pauvres, ses priorités pour les personnes vulnérables, sa préoccupation constante pour la mise en œuvre de structures sociales, économiques, politiques qui soient justes, par sa guerre contre le cléricalisme et les structures de prestige qui, dans l'Eglise, défigurent le témoignage des disciples de Jésus qu'espèrent les pauvres.

 

Voici le texte du PACTE DES CATACOMBES

 

Dans les derniers jours du Concile, le 16 novembre 1965, quarante évêques, en majorité latino-américains, se sont réunis dans une catacombe de Rome sous l'impulsion de dom Helder Camara et ils ont signé ce qui s'est appelé le « Pacte des catacombes ». Joseph Comblin, dans son exposé intitulé « L'Église : crise et espérance », considère cet événement comme l'apparition d'un « nouveau franciscanisme » en Amérique latine.

 

Les signataires ont été discrets. Les Informations Catholiques Internationales en parlent à deux reprises : l'annonce de ce que l'on a appelé le schéma XIV (n° du 15 décembre 1965) et le texte complet en 13 points (n° du 1er janvier 1966). C'est de ce numéro qu'est transcrit le texte suivant, par Maurice Cheza.

 

Nous, évêques réunis en Concile Vatican II,

- ayant été éclairés sur les déficiences de notre vie de pauvreté selon l'Évangile ;

encouragés les uns par les autres, dans une démarche où chacun de nousvoudrait éviter la singularité et la présomption ;

- unis à tous nos frères dans l'Épiscopat ;

- comptant surtout sur la force et la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, sur la

prière des fidèles et des prêtres de nos diocèses respectifs ;

- nous plaçant par la pensée et la prière, devant la Trinité, devant l'Église du Christ, devant les prêtres et les fidèles de nos diocèses, dans l'humilité et la conscience de notre faiblesse mais aussi avec toute la détermination et la force dont Dieu veut bien nous donner la grâce, nous nous engageons à ce qui suit :

 

Nous essaierons de vivre selon le mode ordinaire de notre population en ce quiconcerne l'habitation, la nourriture, les moyens de locomotion et tout ce qui s'ensuit (cf. Mt, 5, 3, Mt, 6, 33, Mt, 8, 20).

 

Nous renonçons pour toujours à l'apparence et à la réalité de richesse spécialementdans les habits (étoffes riches, couleurs voyantes), les insignes en matière précieuse(ces signes doivent être en effet évangéliques) (cf. Mc 6, 9 ; Mt 10, 9-10, Ac 3, 6).

 

Nous ne posséderons ni immeubles, ni meubles, ni comptes en banque, etc., e notre propre nom ; et s'il faut posséder, nous mettrons tout au nom du diocèse, ou des œuvres sociales ou caritatives (cf. Mt 6, 19-21, Lc 12, 33-34).

 

Nous confierons, chaque fois qu'il est possible, la gestion financière et matérielle,dans nos diocèses, à un comité de laïcs compétents et conscients de leur rôleapostolique, en vue d'être moins des administrateurs que des pasteurs et apôtres (cf. Mt 10, 8; Ac 6, 1-7).

 

Nous refusons d'être appelés oralement ou par écrit par des noms et des titressignifiant la grandeur et la puissance (Éminence, Excellence, Monseigneur).

 

Nous préférerons être appelés du nom évangélique de Père.

 

Nous éviterons, dans notre comportement, nos relations sociales, ce qui peut semblerdonner des privilèges, des priorités ou même une préférence quelconque aux riches et aux puissants (ex. : banquets offerts ou acceptés, classes dans les services religieux (cf. Lc 13, 12-14, 1 Co 9, 14-19).

 

Nous éviterons de même d'encourager ou de flatter la vanité de quiconque en vue derécompenser ou de solliciter les dons, ou pour toute autre raison. Nous inviterons nosfidèles à considérer leurs dons comme une participation normale au culte, àl'apostolat et à l'action sociale (cf. Mt 6, 2-4, Lc 15, 9-13, 2 Co 12, 14).

 

Nous donnerons tout ce qui est nécessaire de notre temps, réflexion, cœur, moyens,etc., au service apostolique et pastoral des personnes et des groupes laborieux etéconomiquement faibles et sous-développés, sans que cela nuise aux autrespersonnes et groupes du diocèse. Nous soutiendrons les laïcs, religieux, diacres ouprêtres que le Seigneur appelle à évangéliser les pauvres et les ouvriers en partageant la vie ouvrière et le travail (cf. Lc 4, 18, Mc 6, 4, Mt 11, 45, Ac 18, 3-4, Ac 20, 33-35, 1 Co  4, 12 et 9, 1-27).

 

Conscients des exigences de la justice et de la charité et de leurs rapports mutuels,nous essaierons de transformer les œuvres de « bienfaisance » en œuvres socialesbasées sur la charité et la justice qui tiennent compte de tous et de toutes lesexigences, comme un humble service des organismes publics compétents (cf. Mt 25, 31-46, Lc 13, 12-14 et 33-34).

 

Nous mettrons tout en œuvre pour que les responsables de notre gouvernement et denos services publics décident et mettent en application les lois, les structures et lesinstitutions sociales nécessaires à la justice, à l'égalité et au développement harmonisé ettotal de tout l'homme chez tous les hommes et par là à l'avènement d'un autre ordre social,nouveau, digne des fils de l'homme et digne des fils de Dieu (cf. Ac 2, 44-45, Ac 4, 32-35,Ac 5, 4, 2 Co 8 et 9).

 

La collégialité des évêques trouvant sa plus évangélique réalisation dans la prise encharge commune des masses humaines en état de misère physique, culturelle et morale -les 2/3 de l'humanité - nous nous engageons :

 

à participer, selon nos moyens, aux investissements urgents des épiscopats des nationspauvres ;

 

à acquérir ensemble, au plan des organismes internationaux mais en témoignant del'Évangile, comme le Pape Paul VI à l'O.N.U., la mise en place de structures économiques etculturelles qui ne fabriquent plus de nations prolétaires dans un monde de plus en plus riche,mais permettent aux masses pauvres de sortir de leur misère.

 

Nous nous engageons à partager dans la charité pastorale notre vie avec nos frères dans le Christ, prêtres, religieux et laïcs, pour que notre ministère soit un vrai service ; ainsi nous nous efforcerons de « réviser notre vie » avec eux ;

 

nous susciterons des collaborateurs pour être davantage des animateurs selon l’esprit quedes chefs selon le monde;

 

nous chercherons à être plus humainement présents, accueillants ;

nous nous montrerons ouverts à tous, quelle que soit leur religion (cf. Mc 8, 34-35, Ac6, 1-7)

 

Revenus dans nos diocèses respectifs, nous ferons connaître à nos diocésains notrerésolution, les priant de nous aider par leur compréhension, leur concours et leurs prières.

Que Dieu nous aide à être fidèles.

 

DES PASTEURS "qui ont l'odeur de leurs brebis"

 

Paulo Evaristo ARNS, archevêque de Sao Paulo au Brésil

Dom Helder Camara, archevêque de Récite au Brésil

Mgr Proano, évêque en Equateur

Mgr Pironio d'Argentine

Mgr Jorge Mario Bergoglio d'Argentine

Mgr Raul Silva Henriquez, à Santiago du Chili

Mgr Casaldaliga, évêque au Brésil

Frère Gustavo Gutiérrez, théologien

Rigoberta Menchu du Guatemala, prix Nobel de la paix en 1992

Paolo Freire

 

DES MARTYR/ES pour la justice et le droit, parmi des milliers d'autres :

SALVADOR

Mgr Oscar Romero, Rutilio Grande, Ignacio Ellacuria...

CHILI

André Jarlan, Pierre Dubois...

BRÉSIL

Henri Burin des Rosiers et les paysans des Sans Terre...

ARGENTINE

Soeurs Alice Domon, Léonie Duquet, 

Mgr Angelelli, Longueville Gabriel, Gabriel Maire, Carlos Murias (ofm), Wenceslao Pedernera

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