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Ordination diaconale du Fr Dominique Ai Long Vu SCJ

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Le nouveau diacre Dominique accepte l'Evangéliaire que lui donne Mgr Eric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris Le nouveau diacre Dominique accepte l'Evangéliaire que lui donne Mgr Eric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris

 

 

 

 

 

Par l’imposition des mains et le don du Saint-Esprit, et pour le service de Dieu et de son Église  

Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris,

a ordonné diacre  

le Frère Dominique Vu Ai Long

de la Province Europe Francophone de la Congrégation des Dehoniens - Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus,

dimanche, 7 janvier 2018 en l’église Saint Ambroise à Paris.

 

En cette occasion, Mgr Eric de Moulins-Beaufort a prononcé cette homélie :

 

Homélie pour la solennité de l’Épiphanie du Seigneur, 

le dimanche 7 janvier 2018,

ordination du Frère Dominique, religieux du Sacré-Cœur de Saint-Quentin, en l’église Saint-Ambroise (Paris XI)

 

Le Père Dubray, membre de l'équipe formatrice, appelle Dominique en présence du Supérieur provincial et du P. Leandro Garcês, directeur de la formation des Prêtres du Sacré-Coeur. Mgr Eric de Moulins-Beaufort est prêt pour ordonner Dominique diacre. 


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Vous êtes venus, frères et sœurs, ce matin, jusqu’à la maison où se trouvent l’enfant et sa mère. Vous n’avez pas forcément été guidés par une étoile visible dans le ciel, - à cette heure-ci de la journée, ce serait d’ailleurs difficile-, mais par une ou plusieurs étoiles plus ou moins visibles, plus ou moins intérieures qui, de dimanche en dimanche, vous poussent ou qui, en ce dimanche plus spécialement, vous ont poussés, à vous mettre en marche vers cette maison. L’Église vous y présente l’Enfant de Bethléem. L’Église, c’est-à-dire la communion des croyants dont Marie, la mère du Seigneur, est en quelque façon la première et la tête, celle dont la foi devant son enfant et l’œuvre de Dieu en lui et par lui anticipe sur la nôtre à chacun et l’englobe déjà. L’Enfant vous est montré, il se tient devant vous dans sa Parole proclamée, dans son sacrifice offert, dans son Corps livré, dans les prochains dont vous vous trouvez entourés.

La liturgie de ce jour nous oblige à réaliser que, même si nous sommes habitués à la messe et à la maison de Dieu, nous y venons toujours en fait, comme les mages venus d’Orient, au terme d’un long voyage et en vue de repartir par un autre chemin, un peu ou beaucoup transformés par la rencontre de cet Enfant-là. Pour la plupart d’entre nous, nous sommes là parce que certains de nos aïeux, ce peut être il y a fort longtemps, ont accepté de reconnaître en Celui-là le « roi des Juifs » venu non pour les Juifs seulement mais pour tous les peuples de la terre ; nous sommes là parce que certains de nos pères ou de nos mères ont consenti à chercher la lumière de leurs vies non pas seulement dans les traditions et les coutumes de leurs peuples mais dans la parole et la promesse que portait cet Enfant, dans la liberté nouvelle, dans la dignité inattendue qu’il vient offrir à tout être humain qui veut bien l’accepter de lui, la dignité des fils et des fille de Dieu remplis de l’Esprit de sainteté. Sans doute encore quelques-uns parmi nous sont-ils là parce qu’ils ont fait eux-mêmes, un jour de leur vie consciente, ce basculement. Et, à y réfléchir un peu, tous nous sommes là parce que nous avons ratifié pour notre part ce basculement, un jour plus ou moins déterminé ou selon une habitude finalement choisie, de sorte que nous venons au jour du Seigneur vers la maison où il se trouve pour nous. Nous y venons et nous en revenons par le trajet que nous faisons, nous y venons par le chemin intérieur que le trajet géographique symbolise, à l’aller et au retour.  

En ce jour, en ce dimanche, dans la maison de l’enfant, vous trouvez notre frère Dominique et quelques-uns de ses compagnons. Dominique est religieux, de la congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur, congrégation fondée à la fin du XIXème siècle, par un prêtre vicaire à Saint-Quentin dans l’Aisne, près de Soissons, le Père Dehon. Notre frère Dominique, vous l’aurez remarqué, vient du Vietnam. Il évoque facilement pour nous les mages venus d’Orient mais, ne nous y trompons pas, frères et sœurs : voici cinq siècles déjà que la foi dans le Christ a été proclamée au Vietnam et que des hommes et des femmes, des familles, des villages entiers, ont choisi d’apporter au Messie d’Israël leur liberté et leur intelligence, de le prendre pour leur Seigneur et de laisser sa présence pénétrer et transformer leurs conceptions cosmologiques et sociales, leurs représentations religieuses, leurs comportements familiaux et sociaux. Ils l’ont fait et ils le font toujours au milieu des tribulations et des contradictions, parfois en rencontrant face à eux de la violence, mais ils l’ont fait et ils le font toujours avec un courage, une persévérance, une liberté intérieure dont nous avons, nous autres Occidentaux, beaucoup à apprendre. Qui présente l’Enfant à qui, aujourd’hui, dans sa maison ? Une partie de notre joie vient de ce que nous nous le présentons, nous nous le désignons mutuellement, les uns aux autres, venus de peuples différents, appartenant à des sphères culturelles différentes, et pourtant tous unis dans la confiance mise en celui-là qui nous est donné, heureux de recevoir de lui ce que nous pouvons sans risque partager avec tous les autres.

Notre frère Dominique est baptisé comme nous tous ici présents ou presque, sans doute ; il est aussi religieux, comme certains parmi nous : il a consacré sa vie à la suite de Jésus, il a consenti à ce que toute sa vie, toute son activité, tout le déploiement de son énergie et de ses compétences et de son intelligence et de sa sensibilité en ce monde ne serve qu’à manifester la présence et le don du Seigneur Jésus. Il se prépare à être prêtre du Sacré-Cœur, voué pour nous, voué pour le bien de l’Église entière, à connaître et à faire connaître le Christ Jésus en son intériorité, tournée vers le Père et vers nous dans l’unité de l’Esprit-Saint, débordant d’amour et voulant établir un règne d’amour parmi les hommes, voulant tous les unir à lui en vue de la vie éternelle et brûlant de commencer son règne dès ici-bas, sans laisser aucun être humain vivre autrement que comme promis à la vie de fils ou de fille de Dieu le Père pour l’éternité.

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Ce matin, en cette solennité de l’Épiphanie du Seigneur, notre frère va être ordonné diacre, et c’est pourquoi je suis ici avec vous, frères et sœurs, au nom de l’Église entière, au nom du collège entier des évêques qui succède au collège des apôtres. Par l’imposition de mes mains et par mes paroles, notre frère va être intégré dans le sacerdoce apostolique, il va en devenir porteur en faveur de tout le Corps de l’Église. Le diaconat qu’il va recevoir le prépare à être ordonné prêtre. Comme religieux, il montre à tous déjà que l’Enfant de Bethléem et ce qu’il va devenir méritent que l’on renonce à tout pour lui, à l’instar de ces mages qui ont quitté leur pays pour un voyage dont ils ne pouvaient connaître ni la durée ni l’aboutissement et qui remettent à l’Enfant et sa mère tous leurs trésors.

Notre frère Dominique, non parce qu’il est vietnamien mais parce qu’il est religieux, nous montre que le Seigneur Jésus donne une vérité et une ampleur nouvelles à tout ce qui fait de nous des êtres humains, à l’image et à la ressemblance de Dieu. Il est venu chez nous, loin de son pays natal, pour recueillir le fruit de notre longue histoire de foi mais aussi de refus de la foi ou de dérobade à la foi, afin d’être mieux capable de vivre du Seigneur Jésus, ici et dans son pays ou ailleurs, partout où il sera envoyé pour vivre avec les autres et pour servir le règne du Christ selon la manière propre du Christ, le Messie d’Israël, l’Enfant de Bethléem. Nous sommes fiers, avouons-le, frères et sœurs, notre Église de France est fière, elle est honorée, que tant de fils du Vietnam viennent jusqu’à nous pour y apprendre à mieux connaître et servir le Christ. Malgré nos faiblesses et nos lâchetés, malgré nos fatigues et nos usures, malgré le poids des années et des siècles et de ce qu’ils ont accumulé de trahisons ou de reniements, il vaut encore la peine de venir vers nous pour y apprendre à trouver le Christ Jésus et à mieux le connaître. Puissions-nous ne pas être des obstacles sur la route de ces disciples ardents ; puissions-nous, à tout le moins, savoir, comme les scribes de Jérusalem, donner des indications justes même si nous, nous hésitons à imiter leur audace ; puissions-nous mobiliser pour eux le meilleur de nos ressources spirituelles, nos richesses que parfois nous ne savons plus voir, et puissions-nous nous laisser entraîner par ces frères venus de loin à aller de nouveau, un peu plus loin, un peu plus profond, un peu plus exactement, sur le chemin vers l’Enfant et sa maison. Puissions-nous accepter ce qu’ils ont, eux, à nous apprendre à nous, enrichir, purifier, élargir, dilater grâce à eux, notre désir de vivre selon le Christ et d’avancer sur son chemin à lui. Puisse ce qu’ils viennent apprendre chez nous leur permettre de mieux connaître le Christ et de mieux recevoir sa promesse, de sorte que, grâce à eux, l’Église entière soit enrichie et renouvelée, rendue plus exactement fidèle et porteuse d’espérance pour tous les hommes.

Mais, donc, notre frère Dominique, à l’intérieur de sa consécration religieuse, va devenir diacre, ministre de l’Église, et, un jour, si Dieu veut, il sera prêtre. Déjà, par le diaconat, il reçoit une charge propre, celle de désigner le Christ au nom de l’Église entière, pas seulement au nom de ce qu’il en a compris, pas seulement au nom de ce qu’il en met en œuvre dans son chemin particulier, mais dans la largeur de l’Église entière. Comme prêtre, un jour, il aura à distribuer à tous ceux qui s’en approcheront, les dons du Seigneur ; comme diacre, à partir d’aujourd’hui, il aura à aider chacun à entrer dans la maison de la manière qui convient, pour que chacun y apporte ce qu’il aura à déposer devant l’Enfant et sa mère ; il devra le faire non comme un maître qui ordonne mais comme un serviteur qui rend possible ce que tel ou tel n’oserait pas tout seul.

Cher Dominique, lorsque, désormais, vous proclamerez l’Évangile dans la liturgie, ce ne sera pas pour vous en nourrir, vous, d’abord, ni pour faire entendre ce que vous en avez compris, mais pour rendre perceptible que cette parole-là est celle que l’Enfant de Bethléem, le Crucifié de Jérusalem, le Ressuscité de Pâques, veut adresser à ceux qui se trouveront rassemblés ; lorsque vous baptiserez ou que vous distribuerez l’Eucharistie, vous permettrez que des personnes jusque-là empêchées ou éloignées ou ignorantes, puissent accéder au Corps du Christ ; lorsque vous agirez, vous vous souviendrez que vous devez le faire, non pour entraîner les autres sur votre chemin mais pour garantir que leurs chemins à eux conduisent bien à la maison où ils trouveront l’Enfant et sa mère.

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Il est heureux que votre ordination diaconale soit célébrée en ce jour de l’Épiphanie, sous l’égide des mages venus d’Orient adorer le roi des Juifs qui vient de naître. Pas seulement parce que vous êtes un étranger en notre pays avec lequel nous nous réjouissons de nous découvrir en communion plus profondément que ce que la maîtrise de notre langue et une part d’histoire commune entre nos deux pays peuvent procurer ; surtout parce que le diacre, comme le prêtre et l’évêque, comme ministre de l’Église, rappelle à tous, ici en France comme là-bas en Asie du Sud-Est, que la science et les richesses des hommes ne trouvent leur vrai sens, ne donnent leurs fruits, ne servent vraiment la dignité et la vie de l’humanité, que si, de près ou de loin, elles sont portées jusqu’à Celui-là, jusqu’à cet Enfant en qui Dieu vient jusqu’à nous au plus intime, au plus profond et aussi au plus éloigné de Dieu et des autres qu’il y a en nous autres, êtres humains.

Vous venez à nous, frère Dominique, en un temps où la culture occidentale et les sociétés occidentales prétendent offrir aux hommes et aux femmes une liberté totale dans la réalisation de leurs désirs, toutes les structures, celles de la nature et celles des sociétés, pouvant et par conséquent devant aux yeux de beaucoup se modeler, se transformer, pour rendre possible l’assouvissement de ces désirs. Comme chrétien, comme religieux, vous savez, comme nous le savons, nous qui sommes rassemblés ici pour la messe dominicale, que nous avons d’abord à nous préoccuper d’une transformation plus importante et plus difficile, notre transformation à nous, la transformation de notre liberté personnelle. Pour être vraiment libre, notre liberté doit être libérée ; pour être libérée, elle doit devenir filiale, elle doit consentir à se laisser former et enseigner et remodeler. Il ne s’agit pas que nous nous résignions à la frustration de nos rêves mais il s’agit que nous renoncions de bon cœur à tout plier à nos désirs pour choisir de nous donner nous-mêmes pour la vie des autres, selon ce qu’est l’Enfant de Bethléem.

Comme religieux du Sacré-Cœur, vous avez choisi aussi de contribuer à votre manière à réparer les manquements et les dérobades des hommes, tout ce qu’ils trouvent de bonnes raisons pour donner un autre but à leur chemin que marcher sur le sien ou aller vers sa maison, tout ce qu’ils sont capables d’inventer pour rendre leur vie forte et réjouissante autrement qu’en apprenant de lui à se donner les uns aux autres. A l’instar du fondateur de votre congrégation, le Père Léon Dehon, vous voulez fournir un effort d’intelligence au service de la manifestation de l’œuvre de Dieu, du mystère que l’apôtre saint Paul a évoqué pour nous, afin que chacun puisse y entrer avec tout ce qui le constitue comme être humain et vous voulez non moins mettre votre volonté et votre créativité en œuvre, en communion avec vos frères, pour stimuler les sociétés humaines dans le respect de la justice et de la vérité, non en stimulant l’envie et la colère mais en promouvant la reconnaissance de la dignité de chacun. Vous êtes prêts à offrir vos énergies et vos incapacités, ce que vous ferez et ce que vous ne pourrez faire, ce qu’on vous donnera à faire et ce qu’on vous refusera, ce que vous choisirez et ce que vous subirez, pour que le mystère de Dieu, le mystère de sa volonté, se réalise, et non pas votre propre recherche d’épanouissement, confiant que Dieu, le vrai Dieu, le Dieu vivant qui a fait alliance avec Israël pour atteindre ensuite toutes les nations, ne veut que la vie de chacun et de tous.

Vous avez choisi de vouer votre vie à contempler l’Enfant de Bethléem, l’Enfant de la maison du pain, dans son Eucharistie parce qu’elle est la venue à nous du Fils venu pour aimer sans retour et vous consacrer vos forces à tâcher de répondre à cet amour autant qu’il vous sera donné. Comme religieux du Sacré-Cœur et diacre, vous rappellerez à l’Église entière que nul ne peut faire l’œuvre de Dieu, que nul ne peut aimer en acte et en vérité, s’il ne se remet tout entier et avec tout ce qu’il a entre les mains du Roi des juifs qui est né un jour à Bethléem de Judée et veut naître et grandir en chacun. Bien des hommes et bien des femmes comprennent leur vie comme un voyage à l’étoile ; nous savons, nous chrétiens, que ce voyage ne peut que les conduire à Jésus le Seigneur ; nous nous tenons à leur disposition pour leur indiquer la maison où ils trouveront la joie de leur voyage ; comme diacre et avec les évêques et les prêtres, vous serez désormais le signe vivant qu’il ne suffit pas de l’étoile : il faut aussi les Écritures d’Israël et la mère de l’enfant qui seule peut le présenter à qui entre dans la maison. Comme religieux, vous proclamez à la face du monde, à tous ceux que vous croiserez, que « les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile ». Comme diacre, au cœur de l’Église, ministre du Christ Jésus en son Église, vous rappellerez toujours par votre seule présence, à cette Église, c’est-à-dire à la communion des baptisés, à nous tous et beaucoup d’autres, ce dont elle ne doit pas s’abstenir : puisque, vraiment, la gloire du Seigneur a brillé sur toi, « Debout, Jérusalem ! Resplendis ! »

Mgr Eric de Moulins-Beaufort

 

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