Il n’y a plus d’obstacle: Jésus et ses disciples arrivent à Jéricho et sortent de Jéricho, autrement dit, ils traversent sans obstacles cette ville dont on sait combien de tours jadis on a dû faire autour d’elle rn criant et en sonnant pour qu’enfin les remparts s’effondrent.
Mais voilà que sur cette dernière étape vers Jérusalem, Jésus rencontre ceux qui érigent à nouveau des murs: des murs entre lui et ceux qui veulent le rencontrer pour qu’il leur ouvre les yeux: Bartimée au bord du chemin en est un exemple.
Alors qu’il crie: Fils de David, Jésus, prends pitié de moi!, beaucoup le rabrouent pour le faire taire. Pour eux, Jésus ne doit pas être dérangé dans sa marche vers Jérusalem où il va apporter le salut et la paix. Et donc ils ne veulent plus de nouvelles rencontres qui ne font que freiner la marche.
Or Jésus n’exclut personne de ce qu’il va réaliser à Jérusalem. Et c’est pourquoi, il fait abattre le mur entre lui et cet aveugle: « Appelez-le ».
Et, oh miracle! ceux qui voulaient exclure Bartimée, le faire taire, ériger entre lui et Jésus un mur, viennent lui dire maintenant: « Confiance, lève-toi, il t’appelle! » Or Marc emploie ici non pas le mot « kaleô » comme il serait normal, mais « phônéô », crier, sonner, ce qui rappelle vaguement le bruit de jadis lorsque le peuple marchait autour de la ville de Jéricho et que les remparts d’effondraient.
Mais que veut Bartimée de Jésus? – Jésus d’ailleurs le lui demande.
Et sa réponse: « anablepsô ». Nos bibles traduisent par « retrouver la vue ». Or saint Marc emploie encore quatre autres fois ce verbe « anablepô », et chaque fois le verbe a le sens de « lever les yeux ». Alors pourquoi ne pas garder ce sens également ici?
Ce que veut Bartimée, c’est de pouvoir lever les yeux, « ana » de bas en haut, de Jéricho, en bas, vers Jérusalem, en haut. Il veut pouvoir lever les yeux et voir Jésus, qui a pitié des hommes, de tous les hommes; il ne veut pas simplement « retrouver » la vue. D’ailleurs on ne sait même pas s’il n’est pas aveugle de naissance. Ce qu’il veut, Bartimée, c’est pouvoir lever les yeux vers celui qui monte maintenant vers Jérusalem pour pouvoir l’accompagner. Et voilà, la fin nous le dit explicitement: « Aussitôt l’homme leva les yeux et il suivait Jésus sur le chemin. »
La phrase suivante du texte de l’évangile de Marc nous dit: « Lorsqu’ils approchent de Jérusalem… ».
Seigneur, fais tomber les murs autour de notre forteresse, Jéricho ici-bas;
aide-nous à lever les yeux vers toi,
et nous pourrons te suivre sur ton chemin
vers Jérusalem, la ville en-haut, lieu de la véritable paix et du salut.
Amen.
